She once knew him,
when he was honest upright and clean.

Assis sur une chaise trop haute, je balançai obstinément mes pieds dans le vide cherchant du regard quelque chose qui pourrait m’intéresser. Les aiguilles de l’horloge semblaient s’être figées tant les minutes étaient longues. Seul le tic-tac répétitif de l’aiguille des secondes me prouvait que le temps ne s’était pas suspendu. Je poussai un long et profond soupir avant d’entendre une porte s’ouvrir. Je me redressai, curieux et presque soulagé d’entendre de l’animation, mais mon soulagement se dissipa bien rapidement lorsque je me rendis compte que ce n’était que ma grand-mère et ma petite soeur encore en poussette qui rentraient de balade. «  Bah tu fais quoi dans la cuisine, Jason ? » S’étonna la vieille femme, avant de détacher ma soeur de la poussette et de la porter avec grande attention. «  J’attends.  » Ma grand-mère ria légèrement avant de reprendre la parole de sa voix frêle. «  Et tu attends quoi ?  » «  Que papa revienne nous chercher.  » La vieille femme prit un air attendri avant de s’asseoir en face de moi. «  Oh Jason… Tu sais bien qu’il ne reviendra qu’à la fin des vacances… » Je poussai un autre profond soupir avant de descendre de la chaise et de sortir en courant de cette maison de l’ennui.
C’était comme ça à chaque vacances scolaires depuis que nos parents s’étaient séparés. Mon père avait obtenu notre garde juste pour les vacances et certains week-end exceptionnels, mais trop absorbé par son travail (et ses différentes maîtresses, mais ça je le comprendrai bien plus tard), il nous envoyait passer les vacances chez notre grand-mère. Comme ça il n’avait pas la corvée de s’occuper de nous et il pouvait continuer à vaquer à ses occupations. Trop jeune pour comprendre, à l’époque je ne lui en voulais pas à lui, mais à ma grand-mère qui m’insuportait. J’avais l’impression que c’était à cause d’elle si je passais des vacances pourris loin de mon père que je ne voyais jamais et loin de mes amis… Alors je lui en faisais voir de toutes les couleurs. J’allais voler quelques fruits dans le jardin du voisin. J’embêtais ce chien errant en lui jetant des cailloux pour qu’il parte en courant et je rentrais les pantalons troués et les chaussures pleines de boue sans prendre la peine de les enlever sur le seuil de la porte. Je me vengeais à ma façon, exprimant tant bien que mal mon mal-être d'enfant. Plus tard, tout changera. Je me rendrai compte que la source de ce mal-être n’était pas la présence de ma grand-mère, mais l’absence de ce père qui me connaissait à peine et qui tentera d’acheter mon amour grâce à des cadeaux de plus en plus coûteux au fil des années. De petit garçon un peu délaissé, je me transformerai en ado pourri-gâté. Dure vie d'enfants de riches...

Ucey

Ucey.

Ucey.