Je pousse la porte de l’immeuble. Il est assez tôt ; l’heure idéal pour espionner les autres. Mais une heure pour quelque chose dont je n’aurais su le présager en ce dimanche. L’heure de la messe. C’est là, que je la vis. Elle était magnifique dans cette petite robe qui épousait son corps des plus menus. Elle était belle. Si tentante à cet instant. Je l’observe, elle approche de moi. Plutôt de la sortie. Je me tiens là, sur son chemin. Je lui adresse un sourire. Il y a des matins comme ça, où je suis un peu moins cruel avec les autres. Des jours où je leur apporte de l’intérêt autres que mes sales attentions. Pourtant, je ne suis pas un monstre. Je fais mon travail c’est tout. D’accord… Je suis peut-être un peu trop égocentrique pour voir en quoi ce que je fais puisse être mal. Ce n’est pas que je n’ai pas de conscience morale, je ne suis pas un psychopathe et je n’ai jamais tué personne. Du moins pas physiquement, car socialement cela m’est arrivé une paire de fois. Mais une fois de plus, c’est mon travail. Rien de plus. Pourquoi les gens me diabolisent ? Je ne peux leur en vouloir, ils ne m’importent pas. J’ai appris à me foutre de leur avis. A me moquer de leurs insultes. Et les coups ? Et bien, on s’en remet.

Quand elle arrive à ma hauteur, je lui adresse tout simplement un large sourire « Bonjour. » Oui, bonjour. On ne peut pas dire que je ne l’aime pas. On ne peut pas dire non plus que je l’apprécie. Je trouve sa présence non dérangeante. Du moins, quand elle ne joue pas les donneuses de leçon. Vous savez, à quarante ans on ne se refait plus. Gillian, elle est jeune et pleine d’espoir. Elle ne sait pas ce que c’est d’être seule. Ce que c’est de s’occuper de sa pauvre mère. Je vous en foutrais de l’altruisme, j’ai tout donné pour elle. « Où vas-t’on de si bonne heure jolie fleur ? » Je ne sais pas pourquoi je lui abribus toujours d’étranges sobriquets. Je trouve que cela lui va bien. Est-ce qu’elle va me répondre ? Je l’ignore. Je suis d’une nature curieuse, bien heureusement. Où va-t-on si joliment habillé à une heure si matinale ? Les jeunes de son âge font la grasse matinée, se passerait-il quelque chose dont je n’aurais eu échos ? Alors, je serais ravi de l’entendre de sa bouche.

« Plutôt bien et toi ? » Répondais-je toujours aussi jovial. Oh, il n’était pas courant que je sois de si bonne humeur, mais il n’est pas exclut que cela puisse m’arriver. Je tempérais ma joie, il faut dire qu’il n’y avait aucune raison particulière pour que je le sois. Je me suis simplement levé du bon pied. Tout me semble plus rose et elle, radieuse. C’est alors qu’elle m’annonce avec son petit sourire qu’elle se rend à la messe. Je ne pu réprimer un sourire avant de rétorqué « Encore une que le bon dieu aura tiré de son lit beaucoup trop tôt un dimanche matin. » Je ne croyais pas en dieu. Ma mère si. Mais je ne suis pas ma mère, même si je l’aime beaucoup. Je ne me suis jamais privé pour lui dire à quel point c’était absurde et que ça ne lui rendrait jamais l’usage de ses jambes. Cela peut paraitre cruel, mais je donne tout à me mère, même mon honnêteté.

Elle me demande d’où je viens. Je sens que ma question vient de faire boomerang. Je me contente de sourire en croisant les bras et de répondre « Quelque part où Dieu ne doit jamais mettre le nez à mon avis. »  Je suis assez arrogant. Mais je respect le fait qu’elle y croit. Elle a le mérite de croire en quelque chose. D’avoir un minimum de conscience, même si elle n’est pas capable de le nommer d’elle et a besoin de dieu pour y accéder. « Dis… Ça ne te dirait pas d’aller faire un tour avec moi plutôt que d’aller poireauté sur les bancs de l’église ? »