Je soupire. Ce fut une assez bonne journée. Enfin tout est relatif. Je viens d’être menacé de mort ; mais ce n’est pas comme si je prenais ce genre de choses au sérieux. Je ne sais pas combien de fois l’on m’a menacé de la sorte ; pourtant je suis encore là. Bien sur, je me suis déjà fait cogner dessus ; et plutôt sévèrement. Mais je m’en fiche. C’est les aléas du métier. Aujourd’hui, je m’en sors pas trop mal. J’ai pris une photo d’un pauvre type qui semblait sur le point de frapper sa femme. N’importe qui aurait joué les héros. Pas moi. La cape ; ça me va super mal. En plus, mon idole à moi ça a toujours été Indiana. Mais j’ai compris depuis longtemps que je ne serais jamais Jones ; alors à quoi bon lutter ? Je ne suis pas quelqu’un de bien. Je suis égoïste et mes choses ne sont pas prêtes de changer. Ma vie, je l’ai conduite d’une façon étrange. D’abord guide puis rapace. Ouais, j’aime me moquer des autres ; ce n’est pas à la portée de tous je crois.

J’arrive devant la résidence ; je salue une grand-mère qui commence à me parler. Je ne l’écoute pas. Pourtant, elle me sera utile un jour ; je le sais. Mais je n’ai pas envie d’écouter ses histoires de clébards. Un jour, quand j’aurais besoin d’une commère pour me confirmer quelques ragots ; j’irais partager une tasse de thé en sa compagnie ; je me le jurais. Les vieux, ça me dégoute un peu. Ouais je sais, un jour viendra mon tour. Et bien, ça me donne froid dans le dos. Je me demande ce que je pourrais faire pour m’occuper une fois que l’arthrose me bouffera assez pour que je ne puisse appuyer sur le bouton de mon appareil photo.

J’arrive dans le jardin. Il n’y a personne. Cela tombe plutôt bien. Je m’assieds là. Je suis bien. Un peu de calme ; la soirée promet d’être mouvementée. Il n’est que quinze heure de l’après midi et tout le monde travaille. Ou presque. Je fais le tour des photos sur ma carte mémoire ; vire celles sans intérêts ou complètement floue. Puis je lève les yeux. J’entends un bruit ; un gamin passe par là. L’intrépide approche ; je sais qu’il pense que l’on est ami. Mais c’est loin d’être le cas. Ceci dit, peut-être avait-il repéré quelque chose d’intéressant pour moi. Sait-on jamais. « T’es pas censé être en cours toi ? » Interrogeais-je railleur, je n’étais pas du genre à faire le rabat joie. Je n’avais que cesse de penser que la fac c’était fait pour les pistonnés et les désespéré. Je me revoyais aussi à l’époque bénie de la fac. La chasse à la gonzesse et emmerder les profs. A la belle époque…