Je croulais sous les fiches de révisions. Roses pour l'anatomie, vertes pour les différentes techniques opératoires, bleues pour les nouvelles technologies et jaunes pour.. Une porte qui claque. Je relevais la tête d'un seul coup et fixais la porte de ma chambre. A force de la fixer, la porte devint floue. Je finis par soupirer et me replonger dans mes cours. La fatigue commençait à me jouer des tours. J'étais seule dans mon appartement et la porte était fermée à clé, qui aurait pu entrer ? C'était sûrement un bruit tout droit sorti de mon imagination. Un deuxième bruit. Là je me levais et sortis de ma chambre. Alors que je me dirigeais dans le couloir Arizona surgit devant moi. Je poussais un hurlement strident et posais la main sur mon cœur. Je le sentais battre tellement fort contre ma main que j'eus peur qu'il ne sorte de ma poitrine. Elle portait son maillot de bain, un tuba, des palmes et un planche de surf sous le bras. Je fronçais les sourcils et la réprimandais de m'avoir fait peur. Elle se mit à rire et me tira par le bras en me disant que nous allions surfer. Je commençais à paniquer. Elle était plus forte que ce que je ne pensais et je ne pus lui résister. Je lui hurlais que je ne savais pas nager et qu'elle le savait très bien mais elle ne m'écouta pas et ouvrit ma porte d'entrée. Une fois cette dernière ouverte, Arizona me poussa dehors et je tombais dans le vide. En baissant la tête, j'aperçus une mer d'un bleu azur dans laquelle j'entrais quelques secondes plus tard. Je voulus hurler mais aucun son ne sortit de ma gorge. Mes poumons se remplirent d'eau. Je résistais quelques minutes mais n'arrivais jamais à atteindre la surface. L'air me manquait et mes poumons me brûlaient. Puis, le trou noir.

Je me réveillais d'un seul coup. Totalement essoufflée, j'eus du mal à reprendre mon souffle. J'étais toujours assise à mon bureau, mes fiches posées devant moi. L'encre avait bavé. C'est à ce moment que je constatais que j'étais trempée de sueur. Encore tremblante, je regardais le jour se lever par la fenêtre et me traînais difficilement jusqu'à la douche. En sortant, mes jambes tremblaient toujours autant et je ne pouvais rien y faire. Je décidais donc de sortir faire un tour et prendre un bon bol d'air. Mais impossible de marcher droit, j'enfourchais donc mon vélo et partis en direction de la plage. Arrivée là-bas, mon regard se perdit dans la contemplation de l'océan. J'étais terrifiée par ces eaux profondes et tueuses.

Mais soudain, un choc. Je portais mon regard devant moi et aperçus un homme à terre. Je descendis immédiatement de mon vélo et me précipitais au chevet de la personne que je venais de renverser. Totalement paniquée, je vérifiais s'il respirait toujours et me penchais au-dessus de lui. Je ne savais pas s'il m'entendait mais je débitais un flot de paroles incontrôlable « Oh mon Dieu, je suis désolée. Ça va ? Oh Seigneur ! Vous m'entendez ? Je suis tellement désolée, je suis maladroite vraiment. Je regardais pas où j'allais, j'étais ailleurs. » Je repris mon souffle « Oh pitié, j'espère que je ne vous ai pas tué. Je vais appeler une ambulance. » Je sortis mon portable de ma poche et composais le numéro.

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L'homme ne bougeait toujours pas. Les pires scénarios défilèrent dans ma tête, il aurait pu se faire un traumatisme crânien en tombant et ne plus se souvenir de rien, ou se briser la colonne vertébrale et finir paralyser à vie, ou pire encore. J'aurais pu le tuer. Une nouvelle fois, je vérifiais s'il respirait toujours. Il avait un souffle rapide et saccadé, sûrement dû au choc. Mais il ne réagissait pas et cela m'inquiétais. Je n'étais même pas encore médecin et je commençais déjà à tuer des gens. Mais quel médecin j'allais faire.. C'est au moment où je commençais totalement à déprimer sur mon avenir que l'homme ouvrit les yeux. Je le regardais, totalement tétanisée, le téléphone dans la main, incapable d'appuyer sur le bouton pour appeler les secours. Pour le sang froid, on repassera.

L'homme était charmant, il avait de magnifiques yeux bleus-gris, mais son regard paraissait un peu perdu. C'était tout à fait normal compte tenu de la situation. Je l'observais un petit moment, attendant une réaction de sa part et ne voulant surtout pas le brusquer. Il avait l'air gentil et doux. Ses cheveux châtains clairs faisaient ressortir ses yeux clairs. Il était bien fait et très sexy. Immédiatement j'eus honte de penser cela alors qu'il était affalé par terre, presque mort. Je me mordis la lèvre et il ouvrit la bouche pour parler. Je m'attendais à ce qu'il me hurle dessus, me disant que j'étais totalement inconsciente et dangereuse et que j'aurais dû faire attention. Mais à mon grand étonnement, il n'en fit rien. Il s'adressa à moi le plus calmement du monde et me demanda de ne pas appeler les secours. Était-ce une bonne décision ? Était-il encore sous le choc ? Je préférais m'en assurer. « Vous êtes sûr que ça va aller ? L'ambulance ne mettra pas longtemps à arriver si je l'appelle maintenant, nous ne sommes pas très loin de l'hôpital. »

L'homme décida de se relever et je fronçais les sourcils. Après un choc, il était préférable de rester allongé quelques instants pour bien reprendre conscience. Cependant, l'homme ne semblait pas le savoir et se releva. Encore un peu étourdi, il vacilla un instant. Pour ne pas qu'il tombe, je l'attrapais par le bras et postais une de mes mains juste devant son abdomen au cas où il tomberait en avant. J'étais assez inquiète pour lui. Il avait quand même l'air mal en point. « Vous n'avez pas l'air très bien. » Je le regardais un instant, le surveillant et espérant qu'il ne tombe pas. S'il se laissait tomber, il m'entraînerait sûrement dans sa chute. Il était musclé, le genre d'homme qui fait beaucoup de sport, s'il fallait le rattraper, je ne ferais sûrement pas le poids. « Vous êtes sûr de ne pas vouloir rester assis ? »

En réalité, c'était de ma faute si je l'avais renversé. Mon cauchemar sur l'océan commençait à me hanter plus que je ne le voulais et j'étais restée à fixer cet immense étendue bleue comme une idiote. « Non c'est de ma faute, je regardais la mer et comme une idiote je n'ai pas regardé où j'allais. Vous voulez que j'appelle quelqu'un pour vous ? » Peut-être que je pourrais appeler sa petite amie, sa femme ou bien sa mère s'il vivait encore avec, qui sait ? Je lui souris faiblement, je me sentais tellement mal, je ne savais plus où me mettre.

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